samedi 27 février 2010

POURQUOI J'AI MANGÉ MON PÈRE - Roy Lewis

Nous sommes, tous, les enfants d'Ernest...

Nous sommes, tous, les petits-enfants d'Édouard.

Édouard, c'est justement lui qui a été mangé par Ernest, qui explique : "Telle fut la fin de père en tant que chair. Et c'était celle qu'il eût désirée : être occis par une arme vraiment moderne et mangé d'une façon vraiment civilisée".

Bienvenue dans la famille "pithécanthrope" ! Le père, Édouard, le chef de famille, est convaincu que "la nature est du côté de l'espèce qui possède sur les autres une avance technologique". Il va ainsi consacrer toute son énergie, son intelligence et sa créativité au développement du progrès au sein de sa horde. Rien ne le rebute ! Il va faire passer sa famille du rang de l'Homo erectus à celui d'Homo faber Sapiens, à coup d'inventions géniales - même si certaines s'avèrent sources de grandes catastrophes -, à coup d'adaptations continuelles au milieu hostile qui les entoure. Il ne suffit pas de faire naître le feu, il faut aussi le conserver, il faut aussi lui donner sens ! Le feu sert à se réchauffer, certes ; mais que peuvent faire quelques braises incandescentes contre une troupe de prédateurs qui décime la horde ? Quand il aura réussi à dompter le feu, Édouard pourra l'utiliser à des fins bien plus scientifiques et progressistes ! Il sera d'ailleurs accompagné dans ses recherches par sa femme Mathilde qui invente l'art de cuisiner, grâce au feu !

Mais il n'y a pas que le feu pour attiser (c'est bien le cas de le dire) la curiosité intellectuelle d'Édouard ! Il faut passer du régime herbivore au régime omnivore (avec sa composante carnivore, bien évidemment !). Et ce n'est pas une mince affaire ! Il faut acquérir la station bipède, il faut inventer l'art, il faut domestiquer les animaux, et il faut devenir exogame.

Mais Édouard n'est pas le seul à tester l'immensité des découvertes potentielles (il dit sans cesse : "Les possibilités sont prodigieuses"). Outre Mathilde, sa femme, il emmène avec lui dans les confins de ses inventions, Ernest - son narrateur de fils -, Alexandre, Tobbie, Oswald, William... et quand l'amour sera venu au monde, Griselda, la femme d'Ernest. Chacune et chacun apporteront leurs pierres (leurs silex, dois-je dire !) à l'édifice de l'innovation. Et ce, malgré ce ronchon, ce grognon, ce réactionnaire d'Oncle Vania qui s'insurge contre chaque trouvaille, sous prétexte qu'il ne faut "pas bousculer la nature".

L'ensemble de ce roman est désopilant. Théodore Monod l'a reconnu comme "le livre le plus drôle de toutes ces années, mais aussi le plus documenté sur l'homme à ses origines".
Il a été publié en 1960... cinquante ans plus tard, les allusions peu équivoques qu'on y trouve sur le réchauffement climatique, le conflit Israélo-palestinien, le nucléaire, le racisme, sont toujours d'actualité ! Une œuvre qui n'a pas pris une ride !!!

Et si vous tenez à savoir pourquoi Ernest a mangé Édouard... écrivez-moi, je vous prête le livre, ou achetez-le, ou empruntez-le, ou volez-le, que sais-je, mais lisez-le !

1 commentaire:

  1. Il me tentait déjà pas mal, mais avec ton billet, il vient de passer en tête de LAL (je rajoute des étoiles... et il est au maximum !)

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